À ma sortie, j'ai rapidement voulu reprendre mon rythme de vie d'avant. J'avais honte et je voulais que personne ne sache ce qui s'était passé. Je voulais rapidement retourner à la boutique, comme avant. La vie en a décidé autrement, et heureusement, car mes blessures et schémas que je croyais guéris ont remonté en moi. Et ça, ça ne se règle pas du jour au lendemain, tout comme le processus d’acceptation. Il y a deux mois, jamais je n’aurais pu écrire ces lignes.
J'ai réalisé que j'ai passé la dernière année à être beaucoup dans le faire. Faire de nouveaux projets, faire des choses pour me sentir vivante. Dans tout ça, j'ai complètement oublié de juste être et de prendre soin de moi. Être présente, apprécier ce qui est là, me déposer. La rechute du trouble anxieux m'a obligée à vraiment m'arrêter. Malgré tout, je ne voulais pas l'écouter. J'ai voulu continuer d'être productive et d'accomplir des choses pour masquer ces émotions. Plus j'essayais de contrôler, plus je souffrais. C'est tellement difficile de juste observer et cohabiter avec la souffrance, la tristesse et l’anxiété. Ce sont des émotions que je repousse et que j'ai peur de ressentir.
J'ai lu ce passage dans un livre de Nicole Bordeleau qui m'a fait beaucoup de bien. "Rappelez-vous que c'est au moment même que vous croyez que tout s'effondre et que vous allez tout perdre, qu'une transformation profonde se met à l'oeuvre. Et grâce à votre persévérance, bientôt, très bientôt, vous découvrirez un nouveau monde." ¹
Depuis juin, je participe à un atelier d'auto-gestion de groupe avec l'organisme Relief qui me permet de réapprendre à me connaître et de parler avec d’autres personnes qui vivent les mêmes problématiques que moi. Pour le reste, je me souhaite simplement d'être indulgente envers moi. De me laisser du temps, de me permettre de dire non et de m’entourer de gens et de projets alignés avec mon coeur. Aussi, je ne veux plus me cacher. Je suis entrepreneure, je vis avec un trouble de santé mentale et je suis certaine que les deux peuvent cohabiter ensemble.
Je veux prendre le temps de remercier mon amoureux Jean-Philippe qui a su prendre le relais de la boutique avec notre chère Annabelle. Merci de m’avoir permis de me déposer durant cette période achalandée. Merci à mon amie Anne-Marie qui a su détecter mes signaux de détresse et qui m’a guidée au bon endroit. Merci au personnel soignant qui a su m’apaiser avec tellement de bienveillance. Merci à ma famille, mes amies et nos précieux clients de votre patience.
Si vous êtes en détresse, que vous avez besoin d'aide, que vous souhaitez parler à quelqu'un, n'hésitez jamais à contacter ces ressources :
Info-Social 811
1-866-APPELLE
¹ Bordeleau, N. (2015). L’Art de se réinventer. Les Éditions de l’Homme.
Bravo pour le courage dont tu fais preuve en nous livrant ce texte poignant d’émotions. Grâce à ton audace et ton acceptation, tu poses un immense geste afin de cesser un peu plus les jugements face aux maladies mentales. Personne ne devrait faire en sorte que quelqu’un ayant ce genre de trouble se sente honteuse d’être ainsi. C’est le cancer de l’âme. Prends le temps qu’il te faut pour te remettre sur pied. Petites bouchées par petites bouchées, un pas à la fois tu arriveras à trouver la paix et le bien être nécessaire pour poursuivre ta route. Mes pensées t’accompagnent!